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Projet Renaissance de Vannes, la réhabilitation vue par le bureau d’études SERTCO

Renaissance, le projet de réhabilitation audacieux de l’ancienne tour de la CPAM à Vannes par le Groupe Giboire.

 

A l’heure du ZAN (Zéro Artificialisation des Sols), les projets de réhabilitation apparaissent comme des solutions particulièrement adaptées pour répondre à cette règlementation. Malgré les avantages et l’attrait pour cette technique de (re)construction, force est de constater que cette méthode est encore peu répandue, qui plus est, sur de grands bâtiments. C’est donc avec l’objectif d’ouvrir la voie et le champ des possibles que le Groupe Giboire a décidé de répondre au projet de requalification de l’ancienne tour de la CPAM à Vannes avec un projet de réhabilitation XXL.

 

Un groupe breton à l’origine du projet

Qui mieux qu’un groupe Breton pour répondre à ce projet d’ampleur en Bretagne ? C’est en 2018 que le Groupe Giboire acquiert cet ensemble immobilier pour 4 millions d’euros. Retenu parmi quatre autres projets, le conseil d’administration de la CPAM plébiscite la proposition du groupe rennais pour de nombreuses raisons : le respect du bâtiment existant, la présence de logements sociaux, et l’implantation globale avec la réapparition du Rohan, un ruisseau qui traverse la parcelle.

La maitrise d’ouvrage de certains bâtiments sera portée par Morbihan Habitat.

 

Les détails d’un projet ambitieux

Dessinée par l’agence rennaise Latitude pour les batiments A, B, C, D, N et In[side]out pour le bâtiment M, l’opération nommée « Renaissance » comprend outre la réhabilitation de l’ancienne tour de la CPAM, la démolition des deux ailes, reconstruites ensuite sous la forme d’immeubles d’habitation de cinq étages et la construction de deux autres bâtiments. Au total le projet comportera 173 logements dont 37 logements sociaux ainsi que quelques locaux d’activités (650m²) pour accueillir des services à la population pour un coût global estimé à 30 millions d’euros.

Le projet a par ailleurs été récompensé en 2023 par le Grand Prix Régional aux Pyramides d’Argent de la FPI devant quelques 750 professionnels réunis au couvent de Jacobins de Rennes. (Découvrir l’article ici : https://fpifrance.fr/node/5472)

 

Les étapes d’un projet de réhabilitation hors norme

Le désamiantage

Préalablement à cette déconstruction, les bâtiments ont été curés et purgés de tous les éléments et déchets. Le seul désamiantage a duré 2 ans pour un coût estimé à 2.5 millions d’euros.

La déconstruction

Le groupe Giboire a confié à Charrier la délicate opération de déconstruction de deux ailes de part et d’autre de la tour. Quelques 5 500 tonnes de gravats ont été réduits sur site en bloc inférieurs à 50 cm afin de limiter les volumes dans les bennes puis transportés sur le site de l’éco-terre de Guernevé à moins de 10 km du chantier.

Des murs intérieurs ont également été détruits afin d’implanter une cage d’escalier dans la tour principale. (R+12) Nos bureaux d’études ont donc réalisé les études de reprise de charge et de contreventement par rapport aux murs supprimés.

Reconstruction du bâtiment B (Ancienne tour CPAM)

Nous sommes, à l’heure où nous écrivons ces lignes, à la phase de réhabilitation de la tour existante et à la  construction des nouveaux immeubles en périphérie.

Débutés en 2022, les premiers travaux ont consisté à préparer la structure pour l’intégration des futurs escaliers. Certains murs ont dû être ouverts et d’autres ont dû être renforcés pour reprendre les charges. Il a donc fallu réaliser les plans de coffrage en fonction des plans de démolition par niveau.

La phase de préparation et d’organisation a demandé de nombreux ajustements de la part de l’ensemble des acteurs du projet. En effet, cette typologie de réhabilitation n’est pas encore courante surtout sur un bâtiment R+12…

Au début il a fallu sortir tous les fonds de plans d’exécution pour permettre à l’entreprise de démolition de savoir précisément les éléments à abattre (murs, planchers).

L’autre problématique à laquelle il a fallu répondre était la vérification des efforts horizontaux (vents et séismes) pour s’assurer que les contraintes dans les voiles respectaient le cadre règlementaire.

Une fois le renforcement achevé, il a fallu anticiper l’ensemble des réseaux afin de pouvoir les faire passer dans les murs déjà existants. Cette étape nous a conduit à renforcer certains planchers à l’aide de lamelles carbone. Il a fallu près de 50 percements par niveau !

Les phases de renforcement et de calcul de reprise terminées, nos ingénieurs et projeteurs ont pu réaliser les plans d’exécution pour l’ensemble du bâtiment. Des renforts ont été calculés et mis en place au sous-sol avec l’ajout de poutres pour reprendre les efforts des murs ajoutés dans les étages.

Autre fait important, aucun niveau n’était identique. Les réservations n’avaient pas les mêmes dimensions ni les mêmes emplacements. Enfin des loggias ont été ajoutées à chaque étage.

Enfin, la requalification de l’ancienne tour a permis une réduction des impacts carbone liés à la construction et évite une production considérable de déchets (2800 T C02eq évitées soit 10 000 camions « économisés » ou la consommation d’environ 12 millions de km en voiture).

 

Construction des bâtiments A, C et N

Bâtiment A (R+6), bâtiment C (R+4), bâtiment N

Sur cette partie neuve, les bâtiments ne montraient pas de problématiques majeures. Sur certaines zones à l’emplacement des fondations des nouveaux bâtiments, certains anciens pieux sécants étaient présents. Ne pouvant pas nous en servir, nous avons dû en créer de nouveaux.

Certains bâtiments ont nécessité la réalisation de parois pieux sécants pour reprendre les différences de niveaux entre les rues et le sous-sol des bâtiments.

La subtilité de ces bâtiments résidait dans la présence de porte-à-faux sur l’ensemble des étages. Afin de respecter l’esthétique imaginée par l’architecte, qui ne souhaitait pas la multiplication des poteaux apparents, nos ingénieurs ont opté pour la solution de poutres échelle. L’ensemble des efforts des porte-à-faux des bâtiments ont donc été repris par l’intérieur.

Sur le bâtiment N, nous avons eu recours à des poutres en béton armé de 140cm de haut au rez-de-chaussée pour reprendre les efforts des étages supérieurs.

Bâtiment D

 

Le bâtiment D quant à lui avait la particularité d’être construit à proximité immédiate du Rohan, un ruisseau affluent en rive droite de la Marle, qui traverse la ville de Vannes. Cette proximité avec le Rohan nous a obligé à trouver des solutions pour contrer le phénomène de sous pression par rapport au sol. Cette poussée des eaux (poussée d’Archimède) a donc dû être compensée par un dimensionnement des voiles et du plancher adapté. De plus, le parking situé au niveau le plus bas du bâtiment assure l’étanchéité des fondations.

 

Les missions de notre bureau d’études

Sur ce projet de réhabilitation, notre bureau d’études SERTCO a été missionné pour réaliser l’étude de faisabilité des bâtiments, l’étude pour la création de la cage d’escalier avec la suppression de cloisons de l’ancien ascenseur et les études d’exécution sur l’ensemble des bâtiments du projet.

Nous avons également participé à la réouverture partielle du canal du Rohan avec la création de poutre de couronnement et la création d’un relevé béton pour les futurs garde-corps.

Notre bureau d’études est fier d’avoir participé à ce projet de réhabilitation d’envergure et avoir su relever les défis qui nous ont été présentés.

Un grand merci et un grand bravo au Groupe Giboire pour ce projet audacieux et résolument tourné vers l’avenir.

Nous remercions également le cabinet d’architecture Latitude pour les échanges constructifs et la vision partagée.

Nous tenions à remercier chaleureusement les équipes de Cimeo pour leur confiance et les féliciter pour leur travail remarquable.

Nous remercions enfin toutes nos équipes de SERTCO et SERBA qui ont su répondre à ce défi de la plus belle des manières avec un professionnalisme et une rigueur qui forcent le respect.
Mentions spéciales à Christophe, Elise, Maxime, Jean-Noël, Abderazek, Yann, Christel, Victor et Yoann.

Bravo à tous !

 

Les défis que nous avons dû relever

  • Réhabiliter un bâtiment R+12 d’anciens bureaux en logements tout en y intégrant un escalier pour remplacer un ascenseur avec la suppression de murs
  • Construire à proximité du ruisseau du Rohan
  • Gérer des porte-à-faux de plus de 2m et reprise d’effort par poutres échelle

 

Le projet en quelques chiffres

Nombre de jours : près de 280 !

Nombre de personnes mobilisées : 6 personnes

Nombre de plans : 191 plans en EXE

Nombre de mails : près de 3 000 mails

 

Les acteurs du projet

Maîtrise d’ouvrage : Giboire et BSH Morbihan Habitat

Equipe maitrise d’œuvre

Architectes : Latitude & in[side]out

Bureaux d’études : CDLP (économiste) ; SERTCO (Structure GO) ; Setur (VRD) ; Thalem (Thermique) ; Hernot (Acoustique) ; Alain Guimard (OPC) ; SBC (DET) ; SOCOTEC (Bureau de contrôle)