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Concilier la biodiversité et le bâtiment, une hérésie ?

Allongement de délais, augmentation des prix… autant de raisons pour éviter de concilier les enjeux du bâtiment et de la biodiversité ! Mais sont-elles de vraies raisons ? Non, la clé c’est l’anticipation.

La biodiversité, c’est un vaste sujet, mais est-ce antinomique de la construction/rénovation ? Pas forcément ! explique Laëtitia, naturaliste chez OCE, notre bureau d’études dédié à l’environnement et l’aménagement.

Laëtitia Tondeux, écologue chez OCE, notre bureau d’études dédié à l’environnement et l’aménagement

Mais cela implique une conception différente. Notre planète nous envoie des sonnettes d’alarme, nous devons changer nos façons d’aménager et de construire en anticipant et en limitant au maximum les impacts sur les milieux. Voire même en s’adaptant aux milieux ! 

Dans le secteur du bâtiment, une réelle prise de conscience s’opère. La preuve en quelques chiffres annoncés par le Ministère de la Transition écologique dans les résultats d’une enquête publiés en janvier dernier, « bâtiment et biodiversité », et réalisée à l’été 2020, auprès un panel d’acteurs du bâtiment et de la biodiversité :

« 62 % des répondants pensent que la conciliation entre la qualité de construction des bâtiments et la préservation de la biodiversité est « un avenir à construire ». C’est une problématique qui intéresse et mobilise de nombreux acteurs. » Les acteurs du bâtiment et de la biodiversité travaillent encore assez peu ensemble, pour autant ce type de collaboration est à encourager pour notre avenir. 

Mais commençons par le commencement…

L’écologue ou le naturaliste, c’est qui et à quoi sert-il concrètement ?

Gué aux Moines

Valorisation écologique et paysagère d’un site naturel en zone humide et inondable

Dans le cadre d’un projet d’aménagement, l’écologue intervient en phase amont dans le but d’identifier les éventuelles sensibilités environnementales du site étudié. La faune, la flore et les habitats sont ainsi recensés et cartographiés. L’écologue travaille ensuite avec l’architecte de manière à faire évoluer le projet et le rendre compatible avec les enjeux écologiques relevés (espèces protégées, zones humides, etc.). Pour cela, la démarche appliquée est la séquence Eviter / Réduire / Compenser. L’écologue peut également réaliser des plans de gestion d’espaces naturels, des suivis de

chantier, des suivis de mesures compensatoires.

 

Mais pourquoi tenir compte de l’environnement ?

Car la nature est bien faite ! Elle rend des services à l’homme, alors ne lui mettons pas d’obstacle.

Parlons par exemple des zones humides : 50 % des oiseaux et 30 % des espèces végétales remarquables et menacées dépendent des milieux humides.

En plus de leurs valeurs biologiques, les zones humides ont des fonctions hydrologiques (diminution de l’intensité des crues, réduction des risques inondations, recharge des nappes…) et épuratoires (réduction des nitrates…).

Second exemple, la biodiversité nocturne : 28 % des vertébrés et 64 % des invertébrés vivent partiellement ou totalement la nuit (source Muséum National d’Histoire Naturelle, 2017).

L’émission de lumière artificielle la nuit engendre de multiples conséquences sur la biodiversité. La pollution lumineuse perturbe les déplacements de la faune, dérègle le rythme biologique des végétaux et les animaux, déséquilibre les relations interspécifiques (comme les rapports proies/prédateurs ou la pollinisation). Elle modifie les communautés et elle est susceptible de diminuer les services écosystémiques.

Les chauves-souris sont des mammifères nocturnes. Celles qui vivent en France métropolitaine sont toutes insectivores. Une pipistrelle (petite chauve souris très connue en Vendée) consomme 3000 insectes par nuit (source Association Natagora) ! Un moyen de lutte efficace contre les moustiques.

Enfin, dernier exemple, la captation du carbone : le CO² est un gaz à effet de serre. Un kilomètre de haie peut stocker entre 3 et 5 tonnes de carbone et un arbre peut capter entre 30 et 45 kg équivalent CO² par an. A titre de comparaison, un français émet en moyenne 33 kg équivalent de CO2 par jour.

Voilà autant de bonnes raisons pour construire et rénover tout en préservant l’environnement ! Alors mettons-nous au service d’un aménagement responsable des territoires.

Bâtiment et biodiversité, est-ce compatible ?

Nous sommes face à une problématique réelle : lier les enjeux de préservation de la biodiversité et les enjeux du secteur du bâtiment.

L’artificialisation des sols et l’étalement urbain (notamment lié à l’intensification du logement) sont des phénomènes observés aujourd’hui. Le bâtiment est en partie responsable. Toutefois, il est en mesure de jouer un rôle pour préserver et restaurer la biodiversité grâce à une gestion raisonnée du territoire.

Prairie en fauche tardive

Prairie gérée en fauche raisonnée : milieu riche en biodiversité (flore/faune), source alimentaire pour de nombreuses espèces animales (herbivores et prédateurs associés)

Comment ? En intégrant davantage la nature dans les milieux urbains, en végétalisant les structures, en rénovant plutôt que construire.

Et plus précisément, quelques conseils pour tous :

  • prévoir des espaces verts en fauche raisonnée (source alimentaire pour de nombreuses espèces animales),
  • éviter de tailler les arbustes et arbres au printemps (période de nidification),
  • prévoir des refuges pour les animaux (par exemple en entassant des buchettes de bois ou des tuiles, pierres, pots de fleurs cassés), hôtels à insectes ou encore des nichoirs pour les oiseaux sur la façade du bâtiment ou dans les haies.
    Tas de bois - gite pour la faune

    Exemple de gite pour la petite faune (à placer dans un secteur calme et en lien avec une gestion raisonnée du terrain autour)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sources : Ministère de la transition écologique et OCE